Votre enfant n’est pas à vous….
Cette phrase peut vous choquer.
Un réflexe de propriété s’active en vous : « Si, c’est MON enfant, c’est MOI qui l’ai fait, il ME ressemble, il est de MA lignée… ».
Observez ce réflexe de possession… Pourquoi avez-vous besoin de cette possession ? De quoi, ou de qui parle-t-elle ? De vous… De ce que vous croyez être vous. Ce faux moi est rattaché à des possessions : ma famille, ma maison, mes valeurs, mes qualités, mes peurs. Mais votre nature profonde, votre véritable identité n’est pas dans ce que vous possédez, ni dans votre éducation. La véritable identité est dans le « je suis », pas dans le « je suis le fils, la fille de…, je suis infirmière, pompier, sportif… je suis gentil ou colérique… ».
Ce « je suis » en vous est ce qui vous anime depuis votre conception. Dans certaines croyances, on le nommera « âme » ; en psychanalyse, on le nommera « enfant intérieur ». Il vous ramène à vos rêves d’enfant, votre élan premier, votre potentiel inné, celui que la Vie a choisi pour vous dans le grand choix de combinaisons génétiques offert lors de votre conception ; dans un but que nous ne connaissons pas encore…
Rappelez vous de votre première rencontre avec votre enfant, quand il naît…
La découverte… Il est bien caché pendant neuf mois (attention à l’abus d’échographie), vous vous demandiez comment sera-t-il ? Vous étiez même un peu intimidé. C’était une rencontre avec quelqu’un que vous ne connaissiez pas. Un être unique encore inconnu… A ce moment là, vous êtes entré en contact avec le « je suis » de votre enfant, énorme, puissant, car alors il n’a que ce « je suis » comme identité, rien d’autre, pas de conditionnements, pas de croyances, pas d’éducation, pas de projections sur lui… Et il vient faire vibrer votre « je suis » qui s’est peut-être un peu perdu depuis votre propre naissance.
Cette rencontre s’est faite par le regard. Votre regard sur votre enfant, mais aussi son regard sur vous. La rencontre s’est faite véritablement quand vous avez plongé votre regard dans le sien : la porte de l’âme.
Ca a pu être impressionnant. « Vais-je le comprendre, va-t-il me juger ? ». Alors, dans un reflexe pour rassurer vos peurs, vous avez fait ce que vous avez appris pour essayer de vous connaître : vous avez possédé, mis des identités.
Vous avez même décidé pour lui de ses besoins : là tu dois manger, c’est l’heure ou ce n’est pas l’heure, là tu dois dormir, dans cette position, tu ne dois pas pleurer pour rien, sous couvert de croyances pseudo scientifiques, médicales ou de votre mère ou belle-mère… La Vie est si mal faite qu’elle n’aurait pas doté le bébé de besoins spécifiques et de moyens de les exprimer ?
Le bébé humain est un petit mammifère qui a besoin de sa mère pour survivre, être nourri, aimé, protégé, rassuré ; qui a besoin de son père pour être valorisé, aguerri, admiré… Et la nature n’aurait pas doté le bébé de moyens de se faire comprendre ? Et la nature n’aurait pas doté les parents de la capacité à détecter les signaux de leur enfant ? Si, bien sûr…
Le bébé a besoin de sa mère pour être nourri, soit. Mais ce besoin ne doit pas devenir une dépendance ; nourrir son enfant est une responsabilité envers lui, pas un pouvoir sur lui.
Alors si mon enfant n’est pas à moi, à qui est-il ? Quel est mon rôle de parent ?
Je ne saurai pas mieux le dire que Khalil Gibran :
“Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.”
Khalil Gibran
C’est cette âme qui est à l’œuvre quand vous faites les choses avec votre cœur, quand ce que vous faites vous rend heureux et joyeux, pleinement. Par l’élan de votre âme vous avez une mission sur cette terre, dans votre vie, au sein de votre famille… Quelle est cette mission qui vous épanouit ? On peut mettre toute une vie à la découvrir… Certains ne la découvrent jamais…
Ce qu’on a du mal à découvrir pour soi même adulte, on le saurait pour un enfant ? On le saurait à sa place ? On le saurait mieux que lui et avant lui ? Qui sommes nous pour affirmer que nous connaissons ce que notre enfant a besoin d’expérimenter pour être en mesure de VIVRE pleinement sa mission de vie ?
Si c’est MON enfant, alors il ne s’appartient pas pour réaliser sa propre destinée. Alors, je le place sur un plan inférieur au mien et je décrète dès le départ qu’il m’est inférieur, qu’il n’a rien à m’apprendre ou me faire découvrir… Imaginez que son âme soit plus vieille que la votre… Imaginez que son âme ait plus vécu que la votre… Elle en sait plus que vous, sa conscience est plus élevée que la votre. Et vous voudriez vous priver de cet enseignement, de cette richesse que votre enfant vous apporte en vous choisissant comme mère, comme père ? Car oui, il vous a choisi….Quel honneur ! Voir chronique « l’enfant choisit ses parents ». Sa mission est forcément plus évoluée que la votre, c’est le cycle infini du progrès humain. Les fils font mieux que leurs pères, les filles font mieux que leurs mères. Depuis la nuit des temps, chaque nouvelle génération est riche des expériences des précédentes et va toujours vers demain. Les enfants font mieux que leurs parents, mais pas en faisant « pareil plus fort », en faisant « différent ». Et seule la lumière devant soit éclaire vivement la route. La lumière derrière soi éclaire la route en y projetant une ombre, celle du passé…
Bien sûr, c’est un enfant. Même si son âme est plus âgée que la votre, elle est à l’œuvre dans un enfant qui doit être guidé, qui doit vivre des expériences pour être en mesure d’utiliser tout son potentiel. Et il a besoin de vous, ses parents pour ça, parce que vous avez expérimenté plus que lui et que vous connaissez plus de choses que lui de ce monde terrestre. Mais en le guidant, en l’éduquant, n’oubliez jamais qu’il ne vous appartient pas. C’est le seul moyen de lui permettre d’être lui-même et d’apporter au monde ses talents. Parce que le monde en a besoin. Et ça, ni vous ni moi, ni quiconque sur cette terre ne peut le nier, et personne ne peut savoir maintenant de quoi le monde aura besoin demain. Mais si votre enfant est là aujourd’hui avec ses talents, c’est qu’il aura son rôle à jouer demain. Ce rôle vous ne le connaissez pas maintenant.
Quand vous prenez conscience que vous vous égarez à juger votre enfant, replonger votre regard dans le sien, reprenez contact avec son identité et son potentiel inné, comme vous l’avez fait le jour de sa naissance…
Permettez à votre enfant de ne pas vous appartenir, et vous vous autoriserez à ne pas appartenir à vos parents, tranquillement, sans révolte.
Permettez à votre enfant d’avoir une identité, et vous ferez vibrer en vous votre « je suis ».
Permettez à votre enfant d’avoir une mission sans la connaître, et la votre se révèlera.
Laissez votre enfant être la lumière qui éclaire votre route.
Je vous laisse vous imprégner de ces deux citations ;
« Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent », Antoine de Saint Exupery.
« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants », citation attribuée à beaucoup d’auteurs différents, à des époques différentes, parce qu’elle est universelle. La Vérité n’appartient à personne, elle s’impose et se diffuse…
Maintenant, cheminons ensemble, parents et enfants, vers demain, en acceptant de ne pas connaître demain. On ne connaît que le présent. En étant pleinement présent à maintenant, vous préparez la route de vos enfants vers demain. Mais ne cherchez pas à savoir leur demain. Vous ne le pouvez pas… Faites leur confiance, faites confiance à la Vie… Elle vous a choisi pour accompagner votre enfant. C’est que vous en avez le talent.